Le mur
1998 – movie
C’est l’histoire d’une aberration à la belge, d’autant plus énorme qu’elle intervient lors du passage du troisième millénaire, à un moment ou la mondialisation de l’économie, des médias et des réseaux informatiques mettent le pôle nord et le pôle sud en connection permanente. Mais en Belgique, il est de tradition que le nord et le sud s’affrontent.
30 Décembre 1999… Belgique, Bruxelles, quelque part à la frontière entre la capitale de l’Europe et de ce qu’on appelle en Belgique, les « communes à facilités », ces communes flamandes ou vivent beaucoup de francophones à qui on a accordé des « facilités » (droit de recevoir les papiers officiels en français).
Beaucoup trop, aux yeux des milieux flamands de toutes tendances politiques.
Albert, 35 ans, tient un « fritkot » (une baraque à frites) installée à cheval sur la frontière entre Bruxelles et une commune à facilités. Laletofawlbe Quand il donne ses frites au client, Albert est en Flandre, et quand il les plonge (ses frites) dans la graisse brûlante, il est à Bruxelles, du coté francophone.
Albert est philosophe, mais comme il ne trouvait pas de travail dans sa branche, il a repris (et fait prospérer) la baraque à frites d’un de ses oncles. En ce temps ou le chômage frappe 50% de la population active, il n’y a vraiment plus de sots métiers.
Les fêtes, c’est la période préférée d’Albert. Les gens sortent tard, ils ont toujours une petite faim, et ils s’arrêtent à sa friterie, une des plus réputées (on y vient de loin). Il faut dire qu’avec ses paquets de frites, Albert délivre des messages, à la manière des « fortunes cookies ». Entre deux frites pleines de sauces « pickles », le client trouve de petites phrases inspirées des plus grands philosophes. Elles recèlent souvent pour lui un espoir, un réconfort moral.
A la veille de passer au troisième millénaire, ils sont nombreux à se presser devant le comptoir d’Albert pour avoir un signe de ce que sera demain.
Exceptionnellement, ce 30 décembre, a la fermeture, Albert accompagne ses derniers clients boire un verre en Flandre, chez Ivo, un copain. Mais plus que le verre, c’est une certaine Wendy qui intéresse Albert…. Ce dernier verre devient deux puis trios… et la nuit file vite… Albert termine dans une chambre avec Wendy. Il entend bien des bruits bizarres, dehors, mais il est trop occupé pour s’en soucier réellement. Il est amoureux de Wendy, la belle flamande qui se donne à lui.
Le matin du 31 décembre, Albert se réveille chez Ivo avec la gueule de bois. Wendy est déjà partie. Albert p plein de chose à faire pour préparer le réveillon, chercher la marchandise, couper les patates… Ses parents et sa sœur viennent fêter ça en lui donnant un coup de main. Son oncle aussi, ça lui rappelle le bon vieux temps.
Mais lorsqu’il arrive près de la petite place ou se trouve son « fritkot », il découvre une vision d’horreur : la place est coupée en deux par un énorme mur très haut, qui délimite à pressent la frontière entre flamands et francophones. Un mur difficile à franchir, des gardes juchés sur des miradors veillant désormais jour et nuit à ce que personne ne s’échappe. Et, comble de l’aberration, la baraque à frites d’Albert a été exactement coupée en deux, puisqu’elle se trouvait à cheval sur la frontière linguistique.
En grand secret, et d’un commun accord, flamands et francophones de Belgique ont décidé d’ériger un mur en une nuit.
Albert croit rêver. Et pourtant, non. Son gagne-pain est coupé en deux, inutilisable. Il n’a plus de travail. Toute sa famille est de l’autre coté du mur, il veut absolument repasser en territoire francophone.
Mais les ordres sont stricts : on ne passe pas de l’autre coté du mur. Et ceux qui se trouvaient du « mauvais » coté quand le mur a été érigé vont être éduqués, formés, pour devenir de bons habitants.
Pour Albert, c’est évidemment impossible. Mais les mentalités changent vite au gré de tels événements. Son ami, Ivo refuse de l’aider à passer de l’autre coté, et il se retrouve parmi ceux qui veulent faire un mauvais sort à ce « fransquillon ». Car, déjà, la « chasse aux sorcières » a commencé et des milices embarquent les familles francophones dans des cars pour une destination inconnue.
Albert va devoir déployer des trésors d’intelligence pour rejoindre « les siens ». Il retrouve Wendy, qui ne reconnaît plus son peuple et veut fuir avec lui.
Mais en réussissant à passer de l’autre coté du mur, Albert et Wendy découvrent que les francophones agissent de la même manière avec les flamands, que la folie est partout. Wendy est emmenée sans qu’Albert puisse rien y faire. Même la famille d’Albert se résigne, arguant que, finalement, ce n’est pas une si mauvaise solution, qu’on aurait du le faire il y a longtemps déjà. Que les francophones peuvent vivre sans les flamands…
Albert n’entend plus. Il part organiser la lutte à l’étranger et prend le dernier train. Il franchit aux douze coups de minuit une de ces frontières européennes qui, cruel paradoxe, sont ouvertes à la libre circulation des biens et des personnes…
Daniel Hanssens Albert
Pascale Bal Wendy
Mil Seghers Marcel
Michaël Pas Stijn
Peter Michel Ivo
Damien Gillard Didier
Peter Rouffaer Fred
Harry Cleven Gréviste
Dett Peyskens Nicole
Laurence Bibot Journaliste
Daniel van de Voorde Mari Flamand
François Lahaye Mari Francophone
Julian Cope Mel
Kim Collard Hiro
Avec la participation amicale de Michèle Laroque.
Réalisation Alain Berliner
Scénario Alain Berliner
Image Yves Cape
Montage Sandrine Deegen
Direction artistique Pierre-François Limbosch
Musique Alain Debaisieux
Son Olivier Hespel
Coproduction
La Sept ARTE (Unité de Programme Fictions Pierre Chevalier), Haut et Court (Caroline Scotta, Caroline Benjo, Simon Arnal), WFE En association avec le Centre National de la Cinématographie et la PROCIREP.
Le mur a été sélectionné aux Festivals de Jerusalem 1998, Montréal 1998, Valladolid 1998.
Présentation exceptionnelle au Walker Art Center de Minneapolis et au Film Center du Chicago Art Institute en septembre 1998.